Rencontre. [ Constance & Jade ]

Legendburgh. Enfin. J'étais aux porte de la ville quand je m'arrêtais un instant. La ville semblait paisible, la couverture nuageuse épaisse. Parfait paradis vampirique. La ville était telle que l'on me l'avait décrite, ce qui m'enchanta. J'étais habillée simplement, une tenue de voyage confortable. Mon sac de voyage, petit et peu encombrant était posé sur le sol, juste à côté de moi. Je ne m'étais pas encombrée en bagages inutiles, le strict nécessaire tenait dans ce sac petit sac de sport. Je le repris et, inspirant un grand coup, je décidais de pénétrer enfin dans ce qui m'apparaissait de plus en plus comme la ville parfaite pour quelqu'un dans ma situation.
Depuis ma transformation, j'ai dû fuir le soleil afin de ne pas dévoiler ma nouvelle identité. A mon grand dam d'ailleurs, moi qui, humaine, aimais profiter du moindre rayon de soleil. Aujourd'hui je me dois de le fuir comme la peste, ne me déplaçant que dans des lieux peu ensoleillés ou de nuit. Mais je veux pouvoir vivre au grand jour! C'est alors que l'on m'a parlé de cette ville écossaise, ville où on m'a garantit que je pourrais vivre tranquillement, sans avoir peur de voir ma peau scintiller. C'était du plus joli des effets d'ailleurs mais...
Je fut happée par la foule des rues commerçantes. La ville semblait animée, il y' avait du bruit. J'essayais tant bien que mal à me frayer un chemin parmi les badauds que je croisais. Un tram passa, je décidais de le prendre, au hasard. Je couru pour l'attraper, finis par m'assoir à côté d'une veille dame qui me souriait. Je ne lui rendis pas son sourire, poupée froide que je suis. Je sortit de ma poche un morceau de papier sur lequel j'avais noté une adresse. Un logement m'attendait, il ne me restait plus qu'à le trouver. Je luttais alors contre ma véritable nature et aborda la veille dame pour lui demander de m'indiquer le chemin vers cette adresse. Tout à fait par hasard, j'avais pris le bon tramway, il me suffisait de descendre au prochain arrêt. La remerciant, je détournais le regard et m'aperçus que malgré mes efforts pour me fondre dans le paysage, la grande majorité des regards étaient tournés vers moi. Ô malheur! Je détestais par dessus tout être le centre de l'attention. Mes joues s'empourprèrent délicatement et je me tassais sur mon siège.
Heureusement, mon arrêt arriva et je me dépêchais de sortir, me noyant au milieux du flot des passagers. Je ressortis le papier et tachait de lire le nom des rues quand on m'aborda. Tournant la tête, je tombait face à une belle et jeune femme blonde qui semblait chaleureuse. Je fus au premier abord intriguée par sa beauté et l'observais un moment. Mais bien vite je me rendis compte de mon impolitesse, mes joues s'empourprèrent à nouveau et je m'excusais aussitôt.

-Veuillez m'excuser, je ne suis pas aussi impolie d'habitude! Je suis nouvelle en ville et je souhaite me rendre à cette adresse.

Je tendis le papier à la jeune femme qui se proposait de m'aider.

Je tendis donc à la jeune femme mon morceau de papier. Pour une raison que j'ignore, l'inconnue examina longuement le papier. Enfin, ma notion du temps étant déformée depuis ma transformation, cela n'avait dû duré que quelques minutes au plus. La jeune femme finit enfin par m'indiquer la route, sortant de sa rêverie grâce à un flot de parole incontrôlable. Interloquée, je regardais l'inconnue, un air complètement perdu se peignait sur mon visage. Je n'avais pu saisir qu'un ou deux mots dans tout ce débit de paroles, des mots incompréhensibles pour la nouvelle venue que j'étais. Heureusement, en personne chaleureuse qu'elle paraissait être, la jeune femme se proposa de m'y accompagner. Elle se présenta. Constance Hamilfitz. Où avais-je déjà entendu ce nom de famille? Je cherchais en vain et fronça les sourcils, comme pour indiquer à Constance mon raisonnement. J'en avais presque oublié de me présenter. Il était bien normal de retourner la politesse non?

Enchantée, je suis Jade Quere.

J'avais été bien élevée par ma sœur Marine, je tendis donc instinctivement la main vers Constance. Main que je retirais aussitôt, avant qu'elle n'ai eut le temps de faire le moindre geste. Ne pas serrer la mains des inconnus pour ne pas dévoiler ma véritable identité. Tout comme fuir le soleil, cette règle avait du mal à s'imprégner en moi. j'étais encore trop habituée aux coutumes humaines, je n'arrivais pas à m'en défaire. Il le fallait pourtant, je ne pouvait pas me permettre de laisser cette femme avoir le moindre doute sur moi. Je voulais une vie tranquille, je désirais garder mon secret.
Je détournais aussitôt les yeux de ceux de la jeune femme, gênée de ce geste qui ne lui avait certainement pas échappé. Je décidais de ne pas me justifier, pensant que cela ne renforcerait que l'étrangeté de mon geste.
Je retournais la tête et, luttant contre ma nature qui me dictait de me débrouiller seule, j'accrochais un mince sourire à mes lèvres.

Merci de m'accompagner, j'espère que je ne vous empêche pas de faire ce que vous aviez à faire.

La superbe jeune femme qui me faisait face accrocha un sourire poli à ses lèvres. Ce sourire naturel renforça sa beauté, mettant en valeur ses traits fins. Il y' avait un moment que je n'avais pas vu une femme aussi belle. Constance m'expliqua que son rôle était justement d'aider les nouveaux arrivant, m'expliquant que Legendburgh était une ville qui bougeait beaucoup, en constante évolution. Je levais un sourcil interrogateur. Je serais donc tombée par hasard sur l'ange gardien de ces murs? J'en étais sceptique, cela me paraissait un peu léger comme explication. Constance dû surprendre mon regard car elle me précisa qu'elle était l'héritière du fondateur de la ville.
Alors ma mémoire me revint. Bien sûr, je me souvenait à présent pourquoi ce nom de famille me semblait si familier. On m'avait un peu parlé de cette famille, du drame qui avait secoué la ville. Je pensais avoir entendu qu'aucun membre de la célèbre famille n'y avait survécu... Je devais me tromper, forcément. L'idée ne me venait pas qu'elle puisse être un vampire. Certains d'entre nous savaient reconnaitre leurs semblables. Je m'y étais entrainée mais je n'étais pas très douée, j'avais tendance à oublier parfois que je n'étais pas la seule de mon espèce. Je n'arrivais jamais à voir au premier coup d'œil qui pouvait être un de mes compatriotes...
Je ne dis pas un mot sur sa famille. J'aurais voulu lui poser des questions sur l'histoire de sa famille. Je n'avais entendu que de vagues rumeurs sur toutes ces histoire et je brûlais d'envie d'en savoir plus. Mais la jeune femme restait une étrangère, je ne pouvais pas me permettre de la questionner ainsi. Ce serait d'une impolitesse certaine.
Un tram s'arrêta à nos côtés et je suivis la jeune femme à l'intérieur. Nous nous sommes installées sur une banquette et le tram redémarra.
Constance me questionna sur les raisons de ma venue ici. Je regardais droit devant moi, tachant de savoir ce qu'il fallait que je dise et ce qu'il valais mieux que je passe sous silence. Je restais un moment muette, perdue dans le tri de mes souvenirs. Je décidais d'aller à l'essentiel, de me faire passer pour une bonne petite française de 18 ans aux origine vietnamiennes. Je retournais la tête vers la jeune femme qui me regardait. Elle semblait se demander ce qui se passait, pourquoi je ne répondais pas. Je ne souriais pas, j'étais sérieuse comme toujours.

Je suis française. J'ai toujours voulu vivre en Écosse, je fuis le soleil. Alors on m'a parlé de Legendburgh et j'ai pensé que ça serait parfait.

Je retournais la tête et regardais droit devant moi. Je m'en voulais que ma nature m'impose cette froideur qui faisait souvent fuir les gens. Constance me semblait être une femme charmante mais comment me forcer? Je tripotais le petit morceau de papier, le retournant inutilement. Mouvement d'une nervosité inexpliquée.

La conversation tourna court lorsque je mis à regarder à nouveau droit devant moi. Assise dans ce tram bruyant aux côtés de Constance, nos silences me pesaient. Je n'entendais plus les bruits des conversations des autres passagers, ni le bruit que faisait le tramway. Rien que le silence, barrière invisible que je m'évertuais à dresser entre moi et les gens. Asociabilité quand tu nous tient...
Le tramway s'arrêta enfin. Les portes s'ouvrirent sur un grand parc que Constance et moi allions longer quelques minutes après. Quel endroit splendide! Je tournais la tête pour regarder tout autour de moi. Ce quartier semblait être tout simplement parfait! Quelle joie cela devait être lorsque le soleil illuminait de ses rayons ce grand parc et ces immeubles aux façades certes vieillies par le temps mais au cachet intemporel! Je ne m'étais pas trompée, cet endroit était parfait. J'avais lu sur l'annonce qu'il s'agissait du quartier culturel. Beaucoup de divertissements y étaient proposés, de musées... C'était d'ailleurs cela qui m'avait décidé à prendre cet appartement, moi qui aime la culture. J'aime l'ambiance des musées, la beauté des salles de concert, les grands parcs où l'on peut s'allonger toute la journée avec un bon roman. A quoi me servent les magasins si je n'ai pas une bonne librairie?
Constance et moi marchons tranquillement et silencieusement côte à côte. Nous longeons le parc et les immeubles. Je ne regarde pas mes pieds, mes yeux sont rivés sur l'architecture des immeubles. Cet endroit me persuade que j'ai j'ai eu raison de venir ici. Un infime sentiments m'envahis, je pressens que de bonnes choses vont arriver. Je veux croire en mon avenir ici... Constance s'arrête alors devant un vieil immeuble. Le temps à laissé ses marques ici aussi mais je tombe tout de suite amoureuse de cet endroit. Je regarde la jolie blonde, qui me retourne mon regard. Je n'ose briser le silence, alors elle s'en charge. Je souris, un sourire plus que j'espère plus convainquant que ceux que je lui ai adressé auparavant.

J'aime déjà cet endroit, il est tout ce dont je rêve.

Ou presque. Mais ça, je ne le dit pas à la charmante jeune femme qui me faisait face. Je pose mon sac par terre et retourne la tête vers le bâtiment imposant que me faisait face. Une sentiment de lassitude m'envahissais alors et je compris qu'il était temps de me transformer en animal sociable. Je n'avais pas peur de fréquenter des humains car j'avais réussis à maîtriser ma soif. Oh ce ne fut pas si facile mais j'avais une volonté à toute épreuve. Cette magnifique blonde ne risquait rien à me fréquenter, jamais je ne lui ferais de mal. Poussant un très léger soupir, je me retournais vers Constance.

Je suis désolée de ne pas être très loquace, je n'ai jamais appris à faire des rencontres.

Je marquais une pause. Pourquoi lui avais-je dit cela? Bizarrement, j'avais envie de mieux connaitre cette jeune femme. J'avoue que la curiosité dont je faisais preuve pour 'histoire de sa famille y était aussi pour quelque chose. Je mourrais d'envie de la questionner mais je ne voulais pas paraître impolie.
J'affichais à nouveau un grand et franc sourire sur mon visage. Le geste n'était pas naturel, on voyait bien que cela n'était pas dans mes habitudes.

Peut être pourriez-vous me parler de cet endroit, des lieux à visiter. Je suis amateur d'art et de culture. Enfin si je peux me permettre d'abuser encore un peu de votre temps!

Gentiment et timidement, elle m'invita à rester un peu plus longtemps avec elle, de façon à ce que je lui parle de nos lieux. Ma foi pourquoi pas ? Me dis-je, c'était une jeune femme curieuse, mais inoffensive j'en étais certaine. Je n'avais pas grand chose à faire d'autre de toute manière, et ma soif était vraiment faible. J'avais Jade comme preuve, je n'avais aucune douleur dans la gorge, à aucun moment l'odeur de son sang ne m'avait émoustillé les papilles.

_ C'est avec grand plaisir que je vous parlerai de ce que vous voudrez à propos de cette ville ! Nous en sommes tellement fières avec ma soeur, Calista. Désirez vous parler dans votre nouvelle demeure ou voulez-vous prendre un verre quelque part ?

Je lui gratifiai un sourire interrogateur et doux à la fois. Bon, boire un verre était toujours quelque peu dérangeant pour moi, car avaler de la nourriture humaine ne me convenait plus vraiment. En réalité, ça ne me faisait pas grand-chose, mais la sensation de boire du vide et de manger du coton était assez désagréable, quand on avait l’habitude depuis des siècles de s’abreuver de sang bouillonnant. La seule boisson humaine que j’arrivais à avaler sans grande peine était le vin : la couleur était tellement similaire à celle du sang des fois…

[ HJ: Je suis vraiment désolé pour le retard et la gène occasionnée mais j'avais vraiment beaucoup de choses à faire ^^ ]